jeudi 12 novembre 2009

Le Club des Incorrigibles Optimistes, Jean-Michel Guenassia



« On est obligé de tuer quand on ne peut plus discuter, ni transiger, ni trouver un compromis, ni se convaincre. Il n'y a pas d'alternative. Le gagnant est celui qui survit. » p749


Michel Marini, jeune collégien au lycée Henri IV, est passionné par le babyfoot avec son copain Nicolas, découvre le rock grâce à son grand frère Franck, ne s'arrête de lire ni pour traverser la rue ni en classe et se développe tout juste une passion pour la photographie. C'est avec toute la curiosité d'un adolescent qu'il découvre, en 1959, l'existence d'un club caché à l'arrière de la salle de son bistrot favori Le Balto. Ce club rassemble de nombreux réfugiés qui ont fuit l'Europe de l'Est et qui se retrouvent ici pour jouer aux échecs et lutter contre la solitude.
L'œuvre de Jean-Michel Guenassia nous raconte l'intégration progressive de Michel dans ce club où se révèle toutes les problématiques de l'exil. Cependant, au-delà de son activité au Balto, Michel reste un adolescent devant faire face à des conflits familiaux et aux problèmes récurrents de l'amitié et de l'amour, primordiaux à cet âge.
Dans ce club où la règle d'or est de parler français, les émigrés jouent aux échecs et refusent de repenser au passé. Leur fuite fut dure et déchirante, ils ne veulent pas évoquer ceux qu'ils ont dû laisser. On apprend à connaître ces optimistes au fil des pages, leur présent mais aussi petit à petit leur passé. Sur un fond historique, illustré notamment par la présence de Sartre et Kessel au club, Jean-Michel Guenassia aborde ainsi des sujets extrêmement variés qui suscitent encore des questions chez les jeunes d'aujourd'hui: le communisme, la guerre froide, l'Algérie, pour les questions politiques mais également la religion, l'amitié, l'amour et la trahison.
Au fil des pages, de nouveaux personnages apparaissent tout comme peu à peu, les personnes qui comptent dans la vie de Michel disparaissent. Franck, Cécile, Nicolas, Camille sont autant de personnes qui alimentent sa vie que ses amis du club. Ces rencontres et ces disparitions sont le fil directeur de l'oeuvre de Jean-Michel Guenassia et de la vie de Michel.
Ce livre apparaît ainsi comme un journal d'adolescence. Une adolescence particulière, révélatrice d'une époque et offrant la possibilité de réfléchir avec un œil nouveau sur des sujets édulcorés par notre éducation.

Le Club des Incorrigibles Optimistes rassemblent les deux indispensables d'un chef d'œuvre littéraire: une histoire passionnante et bien ficelée et une écriture intéressante et soignée. Jean-Michel Guenassia par un savant mélange d'histoires imbriquées les unes dans les autres a su remplir sans aucun doute le premier critère: les personnages sont multiples et leurs interactions sont révélatrices de la multiplicité et de la complexité des thèmes abordés. Le style littéraire est quant à lui simple et élégant. Certains passages regorgent même d'une grande beauté: poétiques ou romantiques, poignants et directs.

Ce « premier vrai roman » (Lire, n°378, Septembre 2009, Supplément Le Guide la rentrée littéraire 2009, p 20), comme il souhaite lui même l'appeler, est donc une réussite pour Jean-Michel Guenassia qui a été à juste titre récompensé par le prix Goncourt des lycéens 2009 et par la sélection de la rentrée littéraire des Virgin Megastore. Si le volume peut paraître certes déconcertant (757 pages), n'hésitez pas cependant à prendre votre courage à deux mains. Après quelques pages, vous serez ravis et à la fin vous regretterez le fait que ce merveilleux roman s'arrête.

Il est cependant très difficile de décrire tous les sentiments qui m'ont envahie à la lecture de ce livre: l'auteur parvient à nous transporter dans la vie de Michel et à vivre au jour le jour avec lui. On se surprend indigné, triste ou heureux mais surtout on se découvre nous mêmes en pleine réflexion avec ce jeune adolescent à la notion du bien et du mal, à la révolte et à la liberté.

Monsieur Guenassia, en attendant avec grande impatience votre prochain roman, je reste transportée dans ce monde de découverte et de réflexion.

2 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec toi, il est très difficile de faire part de son ressenti sur le livre. Beaucoup de choses, dimpressions, de sentiments qui se bousculent.

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  2. C'est vrai qu'on passe par toutes les sensations au fil de la lecture.

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