jeudi 22 avril 2010

Sans laisser d'adresse, Harlan Coben

Myron Bolitar est depuis quelques temps au sein d'une relation stable avec Ali, une veuve du 11 septembre et mère de deux enfants, quand il reçoit un appel de Thérèse Collins, l'ancienne présentatrice du journal télévisé de CNN avec qui il s'était enfui aux Bahamas plusieurs années auparavant. Thérèse lui demande alors de la rejoindre à Paris de toute urgence. Cependant, à peine aura-t-il eu le temps de passer la douane de l'aéroport que les ennuis vont commencer pour Myron ainsi que pour Thérèse.
Avec tout le savoir faire du personnage qu'il a voulu moitié agent de star - moitié détective privé, Harlan Coben crée une histoire qui va nous faire voyager de la France à l'Angleterre et aux Etats-Unis à la recherche d'indices qui pourraient éclaircir les nombreux points d'ombre de la vie de Thérèse.

Si la première partie de ce nouvel Harlan Coben manque un peu de contenu et de rythme, la patience du lecteur va être récompensée dans la seconde. Cette seconde partie est, en effet, bien écrite et extrêmement bien pensée. On y retrouve tout le talent d'Harlan Coben: son originalité, son goût du détail et son humour. Si cet humour était en surcharge dans Peur noire, il est cette fois bien dosé et permet au lecteur de l'apprécier d'autant plus que l'histoire policière qu'il sert à pimenter est bien ficelée.

Dans Sans laisser d'adresse, Harlan Coben aborde encore une fois de nombreux thèmes délicats tels que le terrorisme et la manipulation génétique à partir des cellules souches récupérées dans le cordon ombilical d'un nouveau né. En choisissant de parler d'une technique peu connue de récupération de cellules souches, l'auteur évite ainsi le débat éthique sur l'embryon et le côté meurtrier ou non de son utilisation à des vues scientifiques voire thérapeutiques. Sans laisser d'adresse veut ainsi explorer une autre dimension de la manipulation génétique en poussant le lecteur à réfléchir à l'ensemble des usages néfastes qui pourraient être faits à partir des cellules souches.

Cette nouvelle page dans la vie de Myron Bolitar réussit à garder tout l'intérêt du lecteur et même à le renforcer. Ainsi, Harlan Coben a retrouvé le savoir-faire qui lui a valu tant de succès à savoir un savant mélange entre originalité, suspense, réflexion et humour.

mardi 20 avril 2010

Les combustibles, Amélie Nothomb

Un professeur de littérature, son assistant et une étudiante sont réfugiés dans le salon de l'appartement du professeur alors que la guerre et l'hiver sévissent dans la ville. C'est le second hiver que la guerre s'acharne sur ces vies. Les ressources sont épuisées, il n'y a plus de combustible pour mettre dans le poêle. Plus rien, à part la bibliothèque, remplie de livres, au fond de la pièce. Pour survivre, se pose alors la question de l'autodafé. Oui, mais quel livre brûler en premier et quel livre garder encore un peu?
Quel livre vaut plus qu'un instant de chaleur?


Dans cette courte pièce de théâtre aux décors et personnages minimalistes, Amélie Nothomb pose la question de la valeur des livres et des conséquences de la guerre et du froid sur la vie des êtres humains, sur leur humanité même. Les Combustibles est une pièce extrêmement saisissante à laquelle le lecteur reste accroché tout au long de la lecture et bien après encore. Le style très direct et le rythme effréné font de la lecture de cette œuvre une expérience haletante.

De plus, le combat qui se crée entre les personnages pour choisir le prochain livre qui délivrera de la chaleur illustre l'une des plus grandes questions de la littérature et celle qui m'a toujours personnellement touchée: qui a le droit de décider de la valeur universelle d'un livre? Celle-ci ne devrait-elle pas rester personnelle? Ne voit-on pas en observant ces personnages que chacun aime les livres à sa façon, pour différentes raisons et que celles-ci devraient toutes être valables?

Seulement, nous vivons dans un monde où il faut toujours imposer ses choix, toujours hiérarchiser mais peut-être que, pour une fois, ce combat entre la littérature de la réflexion et de l'analyse et celle du plaisir, de l'évasion ne devrait pas trouver de vainqueur...

lundi 19 avril 2010

La Valse lente des tortues, Katherine Pancol



Joséphine est une fille, une soeur, une mère, une amante et une voisine conciliante. Elle cherche l'amour qui la protégera de tous les malheurs de la vie et qui saura la rendre plus forte, elle qui se considère si faible, si peu attirante, si peu intéressante.




Dans de multiples tableaux, Katherine Pancol crée une valse d'histoires qui s'entremêlent rapprochant ou séparant les personnages présents dans la vie de Joséphine. Une mère sans amour et avare, une soeur manipulatrice et superficielle, un beau-frère séduisant et compréhensif, un amant inexpressif... la liste des personnages est longue sans créer pourtant de superficialité, chacun trouve sa place et apporte au roman une forte personnalité.

Katherine Pancol emporte alors son lecteur dans une histoire d'apparence fraiche et légère mais qui se révèle au fil des pages de plus en plus complexe et sombre. Un petit polar se crée dans la vie de Joséphine juste à côté de ses préoccupations principales: l'amour, ses filles ou encore ses recherches littéraires sur le Moyen-Age. La valse lente des tortues manie avec délicatesse les sujets légers d'amour et d'amitié et les sujets lourds du sentiment d'insécurité, d'éducation des enfants, de manipulation mentale et de dépression.

Ce livre est un parfait roman de distraction, idéal à lire pour s'évader au coeur d'une histoire qui aurait pu ou pourrait exister tout en réfléchissant aux thèmes actuels secouant notre société.

mardi 6 avril 2010

Hygiène de l'assassin, Amélie Nothomb


Hygiène de l'assassin n'est pas comme les autres romans qui parlent eux-mêmes de littérature ou d'auteurs de roman, celui d'Amélie Nothomb nous plonge dans les recoins sombres de la vie de Prétextat Tach, prix nobel de littérature et misanthrope. Apprenant sa mort imminente d'un cancer des cartilages, Prétextat Tach est encouragé par son assistant à répondre à une série d'interviews de « la dernière chance ».
Hygiène de l'assassin
commence alors son histoire par une critique acerbe des journalistes qui se permettent toujours d'interroger ou de porter des jugements sur des auteurs qu'ils n'ont pas vraiment lu ainsi que par une critique des auteurs narcissiques et égocentriques qui croient que jamais personne ne comprendra vraiment leurs œuvres.
Cependant, la série d'interviews est interrompue par une jeune journaliste qui va réussir à surprendre l'auteur par sa connaissance et sa compréhension de l'œuvre complète de Prétextat Tach...

La lecture de mon tout premier Amélie Nothomb est une réussite!
Le style de cette auteur est vif et piquant et la misogynie du personnage principal de ce roman est tout simplement délicieuse irritante par son côté extrême et anachronique.
Hygiène de l'assassin frappe par l'originalité de son histoire et par les surprises constantes offertes au lecteur qui, croyant toujours connaître la fin, va se retrouver détrompé à chaque page.

Un bon jour pour mourir, Jim Harrison

Dans ce roman, Jim Harrison raconte la folle épopée américaine de trois jeunes adultes des années 1960.
Après s'être rencontrés dans un bar et avoir partagé quelques parties de billards, deux hommes décident de prendre leur voiture pour atteindre le Grand Canyon et y saboter un barrage qui détruit l'écosystème de la région. Sylvia, le coup d'un soir récurrent de Tim, rejoint alors l'aventure dans l'espoir de convaincre son ancien militaire, drogué par des dizaines de petites pilules, de poser ses valises et d'accepter enfin de l'épouser.

De son côté, le narrateur, troisième membre de la bande, observe toute cette agitation amoureuse tout en succombant au charme de Sylvia.

Parsemée de drogues plus ou moins fortes, d'alcool et de bordels, la virée en voiture va devenir de plus en plus périlleuse et les esprits s'en trouveront de plus en plus échauffés.

Un bon jour pour mourir est un roman court, bien tourné et efficace.

L'histoire est simple et aborde de manière plutôt superficielle de nombreux thèmes tels que la drogue, l'alcool, le désir, l'amour et la protection de l'environnement. Cependant, si la forme reste superficielle, le fond et les réflexions que provoquent l'histoire chez le lecteur sont, elles, beaucoup plus profondes. En effet, Jim Harrison trouve un moyen ingénieux en créant un roman frais et en apparence sans conséquences mais dont l'histoire va peu à peu s'imprégner dans l'esprit du lecteur et ne plus le quitter. De plus, le côté pathétique de la fin choisit par l'auteur se révèle décevante d'un point de vue purement stylistique mais confirme au lecteur son besoin de prendre du recul et de réfléchir.

dimanche 21 février 2010

Les Liens du sang, Thomas H. Cook


Les liens du sang aborde le thème de la schizophrénie sous couvert d'une enquête policière. Dès l'ouverture du roman, on assiste à une division de l'histoire entre un interrogatoire décrivant les faits et des flashbacks les faisant revivre. Cette dichotomie permet ainsi aux lecteurs d'évoluer au sein de l'histoire tout en pouvant l'analyser directement.
Les liens du sang raconte l'histoire de David Sears et de sa soeur Diana qui après avoir vécu sous l'autorité d'un père sévère souffrant de schizophrénie doivent réapprendre à vivre normalement. Malheureusement, les deux adultes comprennent qu'ils ne peuvent se défaire définitivement de cette maladie lorsque Diana donne naissance à un garçon Jason qui en est atteint. L'histoire commence alors après l'accident qui a amené à la noyade de Jason quelques années après sa naissance. Face à la perte de son enfant, Diana se comporte de manière étrange et effraie David qui retrouvant en elle les attitudes de leur père va essayer de la raisonner pour protéger sa famille.

Si au cours de la lecture, la division permanente entre l'interrogatoire et le reste des faits offre un peu d'originalité à l'histoire, celle-ci reste malheureusement très mal écrite et plate.
Les liens du sang fait donc parti de ces polars pour lesquels on se force à tenir jusqu'au bout se persuadant que la fin va en vouloir la peine. Malheureusement, il fait également parti du petit sous ensemble de ces mêmes romans pour lesquels notre courage et notre motivation à tenir jusqu'au bout ne sont pas récompensés. Heureusement, cette déception ne vous prendra que quelques petites heures de lecture.

jeudi 3 décembre 2009

A Genoux, Michael Connelly


A genoux reprend une partie des personnages familiers de Michael Connelly avec l'inspecteur Harry Bosh et l'agent fédéral Rachel Walling.
Stanley Kent a été assassiné au Belvédère juste au dessus de l'ancienne maison de Madonna ce soir entre 20h et 23h, personne n' a rien vu ni entendu, le corps est retrouvé par une patrouille de sécurité faisant sa ronde nocturne habituelle. Arrivés à la maison des Kent, Bosh et Walling trouvent Alicia, la femme de Stanley Kent, ligotée, nue sur le lit. Il s'avère alors que le docteur Stanley Kent est responsable du transfert entre hôpitaux des produits radioactifs servant à soigner le cancer et que son meurtre survient après qu'il ait volé sous contrainte plusieurs unités de césium dans un hôpital. La piste d'une menace terroriste est alors très vite choisie et Bosh doit fait face aux nombreuses agences fédérales pour conserver sa place dans cette enquête. Alors que tous les agents disponibles s'engagent dans la recherche du césium, Bosh continue à enquêter sur le meurtre de Stanley Kent avant de déclencher le retournement de situation digne de tout bon polar.


Depuis que j'ai lu Le Poète, il y a un an, le talent de Michael Connelly ne fait plus aucun doute pour moi. Ses policiers sont d'une rare intensité et d'une grande originalité. Avec A genoux, Michael Connelly confirme cela en y ajoutant une nouvelle dimension: la politique. En choisissant délibérément le terrorisme comme point d'ancrage de son nouveau roman et en citant ouvertement le nom de terroristes reconnus, l'auteur se met en quête d'un nouveau genre de roman policier.

La lecture de A genoux est facile et rapide et offre aux lecteurs une intéressante vision des changements qui ont eu lieu dans l'organisation de la protection de la sécurité intérieure des Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001.